Aussi loin que je me souvienne, Alain Minc a toujours été un conseiller du prince, proche de Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron, réputé pour ses prédictions malavisées. Et aussi loin que je me souvienne, en homme de droite, il a toujours soutenu avec force et constance les tenants de l’orthodoxie bruxelloise contre celles et ceux qui avaient le malheur de contester le caractère antisocial des traités européens. C’est donc avec sérieux qu’il faut entendre ses déclarations dans lesquelles il indique se réjouir de la nomination « du nouveau gouvernement de droite » tout en souhaitant, dans un même mouvement « un score extrêmement élevé, si c’était possible, à la liste de Raphaël Glucksmann (...) ». Ce propos a le mérite de la clarté. Il s’ajoute au soutien récemment exprimé par Daniel Cohn-Bendit. Dans l’esprit de ces proches du président de la République, Raphaël Glucksmann appartient au « cercle de la raison » et partage avec eux une certaine vision du monde.
Un monde atlantiste d’abord, dans lequel Washington impose ses vues, quand bien même celles-ci seraient contraires à nos intérêts. Le cas ukrainien est emblématique de cette dérive. Ainsi, selon Raphaël Glucksmann, tous ceux qui seraient opposés à l’entrée de l’Ukraine au sein de l’Union européenne devraient converger vers le Rassemblement national. En sus du risque d’escalade guerrière, le député européen fait volontairement fi de la question sociale qui se poserait inévitablement si jamais l’Ukraine, que nous soutenons activement face à la Russie de Vladimir Poutine, entrait dans l’espace communautaire. Ignore-t-il que le salaire minimum est de 150 euros en Ukraine ? Ignore-t-il que son adhésion condamnerait nos agriculteurs et nos ouvriers à la perte de leurs emplois ? Ignore-t-il que nous sommes farouchement opposés à la mise en concurrence des travailleurs ? Un monde fédéraliste ensuite, où la souveraineté du peuple français est sacrifiée sur l’autel des institutions technocrates de l’Union européenne. N’oublions jamais qu’entre eux et nous, restera de manière indélébile le vote sur le Traité constitutionnel européen. Nous demeurons résolument du côté de la France du « Non », celle qui entend reprendre son destin en main pour se réindustrialiser, se doter de nouveaux services publics, d’une autonomie énergétique et de politiques sociales et écologiques ambitieuses, à rebours des injonctions austéritaires de la Commission européenne. Nous serons toujours contre ceux qui, à Bruxelles et à Paris, nous ont imposé la réforme des retraites contre laquelle Raphaël Glucksmann ne s’est pas beaucoup battu. À eux, la troïka. À nous, la République laïque et sociale. Un monde chimérique enfin, qui repose sur l’idée d’une Union européenne qui se suffit à elle-même, paravent contre la guerre et promesse de prospérité sociale. La réalité est tout autre. Jamais les tensions militaires n’avaient été si nombreuses aux frontières de l’Union européenne. Jamais l’extrême droite ne s’était montrée aussi forte dans nombre de pays européens. Jamais les travailleuses et les travailleurs de notre nation n’ont été rendus si exsangues par ce capitalisme financier consacré par les traités et qui fait tant de mal à notre humanité et à notre planète. L’Union européenne n’a pas seulement failli à ses promesses, elle a généré du malheur sur l’ensemble du continent. En dépit de ces évidences, certains à gauche continuent de se réclamer de l’Europe libérale. Nous ne sommes pas de ceux-là. L’élection européenne qui se tiendra le 9 juin prochain sera l’occasion pour les citoyennes et les citoyens de trancher entre deux projets politiques distincts à gauche : celui de Raphaël Glucksmann s’inscrivant dans le sillon des traités européens ayant mis les peuples au pas et le nôtre qui proposera de reprendre la main pour défendre les intérêts de la France et des travailleurs en Europe.